Titre original : The Summer before de War
Auteur : Helen Simonson
Traduction : Odile Demange
Édition : Nil
Parution : 2016
Nombre de pages : 631
Synopsis : Été 1914, dans la campagne anglaise. La gentry de Rye reçoit pour un pique-nique sur le gazon fraichement tondu. Les ombrelles et les chapeaux sont de sortie et c'est l'occasion pour Beatrice Nash, vingt-trois ans, nouvelle professeure de latin récemment débarquée dans la petite ville, de faire plus ample connaissance avec les personnalités locales. Elle est chaperonnée par Agatha Kent, dont les deux neveux, Daniel et Hugh, ne la laissent pas insensible, bien qu'elle ait fait vœu de célibat. Orpheline et sous la tutelle d'une famille bien-pensante, Beatrice veut gagner son indépendance et devenir écrivain, des choix audacieux pour une jeune fille sans le sou en ce début de siècle. Ses projets, comme ceux de tous les habitants de Rye, vont être bouleversés par l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne. La petite communauté accueille les premiers réfugiés et les hommes s'engagent. Beatrice voit partir Hugh avec un sentiment qu'elle peine à nommer...
Avis :
J'avais ajouté ce livre à ma Wish-List après avoir vu la chronique vidéo de Léa il y a maintenant presque un an - je crois ! - je n'ai pas mis si longtemps à l'ajouter à ma Pile À Lire - contrairement à d'autres livres qui traînent encore. Il me fallait beaucoup de temps libre pour me plonger dans ce roman de plus de 600 pages.
Beatrice est donc une jeune professeure de latin, embauchée à l'école de Rye. Les femmes à cette époque sont rarement promues au poste de professeur et surtout quand elles enseignent le latin. Beatrice obtient son poste après avoir été en quelque sorte "pistonnée" par Agatha Kent, qui a mis en avant les bienfaits du latin sur les élèves les plus en difficulté. Logée dans une toute petite chambre tout juste abandonnée par l'ancien professeur, Beatrice se familiarise petit à petit avec sa ville d'adoption.
De nature polie, discrète et consciente de son absence de charme, Beatrice indique avoir fait vœu de célibat, choix difficile quand elle se retrouve orpheline et sans contrôle concret de ses biens. Elle met tout en œuvre pour prouver aux habitants du petit village de Rye - assez fermés d'esprit - qu'elle peut arriver à quelque chose sans être forcément riche ni mariée. J'ai beaucoup aimé Beatrice parce qu'elle était calme, fière de son parcours et complètement déterminée. Sauf sur ce qui concerne ses sentiments.
Mon personnage préféré reste Hugh : loin d'être le prince charmant dont vous rêvez - et loin d'être celui dont rêve les jeunes filles de l'époque - c'est aussi un jeune homme déterminé qui souhaite être médecin. Dans les bonnes grâces du meilleur chirurgien de la région, il s'évertue à courtiser sa fille qui se trouve être d'une effroyable impolitesse. Mesdames, Messieurs, éveiller les sentiments de quelqu'un dans le simple but de gonfler votre égo, c'est pas bien. Si la mademoiselle avait été l'héroïne du roman, c'était foutu !
La guerre bouscule les projets de tous : Hugh et son rêve de devenir médecin, Daniel et son rêve de devenir un poète accompli et Snout et son rêve d'obtenir une bourse d'étude.
Les personnages de Daniel et de Snout ont été les plus touchants. Daniel est un jeune homme sensible et rêveur, qui a du mal à garder les pieds sur terre. Snout est un jeune garçon dont la famille issue de la communauté des gens du voyage reste dans les environs de Rye depuis des années. Il veut bousculer les préjugés associés à sa communauté et se démène tout le long du roman pour cela.
Bien que le roman soit parfois longuet, c'était un plaisir de suivre la vie de Rye, juste avant la guerre. On voit lentement la guerre s’immiscer dans le quotidien des habitants, la prise de conscience arrive petit à petit, comme souvent en situation de guerre. Parfois, j'ai trouvé que les problèmes aboutissaient à des résolutions faciles mais ça n'enlevait rien au charme du récit. Comparée au reste du récit, la fin est assez rapidement expédiée. Le récit est assez bien développé, les éléments sont placés, ils durent le temps qu'il faut... et la fin. Cependant ça n'a pas été un élément qui me fait détester ma lecture non plus, puisqu'elle reste très émouvante.
Avec ce roman, on replonge beaucoup plus dans l'Angleterre du début du XXème siècle que dans une ambiance de guerre. Ça a un côté apaisant, le calme avant la tempête. L'ambiance devient de plus en plus tendue et heureusement que les personnages restent fidèles à eux-mêmes. Ils évoluent, ils s'assombrissent, mais j'ai vraiment aimé me plonger dans leur quotidien, dans les interrogations sentimentales de Beatrice et de Hugh. Je recommande fortement, en plus, c'est parfait à lire dans la chaleur de l'été.
Chapitre 20, pages 407-408 :
"Beatrice reconnut les pas lents et le dos vouté de la femme du poissonnier, dont le fils avait été parmi les victimes des premiers combats de la Force expéditionnaire. Elle se rappelait la fierté des parents devant leur jeune soldat déjà sous les drapeaux depuis quelques années, l'intérêt et le respect enthousiastes que la ville leur avait manifestés au cours des premières semaines, quand la soif d'informations et la possibilité de se sentir plus proche de l'action avaient transformé la poissonnerie en une riche d'activité et de cancans. La pauvre femme semblait à présent vieillie de dix ans, et les affaires périclitaient, de nombreux habitants cédant à l'insensibilité instinctive qui es poussait à éviter les familles endeuillées.
Beatrice avait observé le même phénomène dans le village de sa tante. Pour chaque personne qui s'arrêtait, lui adressait un sourire de compassion et lui disait un mot bienveillant à propos de son père, combien se détournaient vers la vitrine des boutiques ou traversaient précipitamment la rue, baissant leurs parapluies pour masquer leur visage ! Et plus tard, quand ils ne pouvaient pas l'éviter, ils se déclaraient surpris de l'avoir vue aussi rarement."
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J'ai adoré ce livre :)
RépondreSupprimerBah du coup... moi aussi ;)
SupprimerL'ambiance anglaise me tente mais ce n'est pas le livre qui fait le plus envie non plus... Mais je ne lui ferme pas la porte ^^
RépondreSupprimerSi il t'attire juste pour l'ambiance anglaise, alors tu peux te tourner vers d'autres livres :)
SupprimerCela dit c'est un bon roman :)
Je voudrai le relire ! Mais avant je vais lire le précédent de l'auteure.
RépondreSupprimerLe précédent roman de l'auteur me tente beaucoup moins quand même. Mais ce serait intéressant que je me penche dessus ;)
SupprimerJe viens de me le procurer en poche ! Je compte le lire cet été, dans le cadre du club de lecture organisé par Pretty Books sur Facebook ;) J'espère vraiment aimer ^_^
RépondreSupprimerJ'attendrai ton avis ;)
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