Titre : La goûteuse d'Hitler
Titre original : Le Assaggiatrici
Autrice : Rosella Postorino
Traduction : Dominique Vittoz
Édition : Albin Michel
Parution : 2020
Nombre de pages : 384
Synopsis : 1943. Reclus dans son quartier général en Prusse orientale, terrorisé à l'idée que l'on attente à sa vie, Hitler a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa.
Quand les S.S. lui ordonnent de porter une cuillerée à sa bouche, Rosa s'exécute, la peur au ventre : chaque bouchée est peut-être la dernière. Mais elle doit affronter une autre guerre entre les murs de ce réfectoire : considérée comme "l'étrangère", Rosa, qui vient de Berlin, est en butte à l'hostilité de ses compagnes, dont Elfriede, personnalité aussi charismatique qu'autoritaire.
Pourtant, la réalité est la même pour toutes : consentir à leur rôle, c'est à la fois vouloir survivre et accepter l'idée de mourir.
Points + : le personnage d'Elfriede
Points - : un synopsis trompeur, une héroïne fade
Avis :
Les habitués du blog le savent : j'aime lire des romans historiques et en particulier des livres qui se déroulent en 39-45. Je ne crois pas être la seule dans ce cas et les maisons d'édition l'ont compris. Avec ce livre, j'ai voulu plonger dans une face cachée de l'histoire, une facette méconnue. Est-ce que ça a marché ? Pas tellement !
Rosa est une femme mariée, vivant chez ses beaux-parents en Prusse Orientale. Son mari est parti au front, et elle n'a pas ou très peu de nouvelles de lui. Aussi bien pour participer à l'effort de guerre que pour gagner un peu d'argent, elle se porte volontaire pour être goûteuse d'Hitler. Hitler pense qu'on veut sa mort - et c'est vrai ! - mais surtout, il pense qu'on va l'empoisonner. Il recrute alors des goûteuses pour goûter absolument tous ses plats. La mort peut venir de chaque bouchée. On suit la vie de Rosa, plus dans ses lamentations que dans son travail de goûteuse, je ne vous le cache pas.
Je crois que c'est clair : c'est une déception pour moi. J'étais pourtant très pressée de découvrir cet aspect méconnu de l'Histoire mais on passe très peu de temps avec les personnages dans leurs rôles de goûteuses. C'est le gros problème de ce livre pour moi : il est frustrant. La frustration est là parce qu'on nous vend ce livre comme une histoire d'une femme goûteuse, et finalement on retrouve peu cet aspect. On a peu d'appréhension, on a peu le sentiment de peur. Non pas que je veuille que les personnages souffrent pendant 350 pages mais on nous le vend comme ça, relisez le synopsis.
L'aspect historique est assez peu exploité finalement : on voit très peu les SS, on voit très peu le rituel des tickets de rationnement, on nous parle de prisonniers sans le dire clairement. Le livre traite plus de la vie quotidienne des femmes pendant la guerre, finalement.
Si on se focalise plus sur la vie des femmes pendant la guerre, le livre est plus intéressant. Il rend bien compte des difficultés rencontrées par les femmes allemandes : le manque de nourriture, la loyauté forcée envers l'Allemagne qui enlève fils et maris, les pulsions sexuelles, la délation, la fraternité qui ne dure qu'un temps...
J'ai fini ce livre en étant mi-figue, mi-raisin car la fin est aussi frustrante, c'est cohérent de bout en bout. L'histoire est finalement assez insipide. On en sait trop peu et des questions restent en suspens. Mais a-t-on vraiment envie d'avoir une réponse ?
Côté personnage, heureusement que les beaux-parents de Rosa relèvent le niveau d'humanité dans ce livre. Elfriede relève clairement le niveau en donnant de l'espoir, des palpitations et de l'émotion, car c'est pas sur Rosa qu'il faut compter. J'aurais vraiment aimé qu'Elfriede soit le personnage principal, l'unique voix de ce roman.
Finalement, c'est un roman qui aurait été moins frustrant si le synopsis avait été plus réaliste et moins vendeur. Je ne vais pas aller jusqu'à dire qu'il n'était pas renseigné historiquement mais en tout cas, ça ne s'est pas bien vu. Le personnage de Rosa est fade et ne possède pas de vraies valeurs, ce qui manque dans ce genre de récit. Ce livre aura été une grosse déception, peut-être trouvera-t-il son public ailleurs que dans ma bibliothèque. J'espère que la personne qui l'a pris en boîte à livres appréciera.
Chapitre 1, page 18 :
"Mon estomac ne bouillonnait plus : il s'était laissé coloniser. Mon corps avait absorbé la nourriture du Führer, la nourriture du Führer circulait dans mon sang. Hitler était sain et sauf. Et moi, de nouveau affamée."
Pour aller plus loin :
Margot Woelk, une goûteuse d'Hitler
Les femmes sous le 3ème Reich
19/100
Vous pourriez aussi aimer :
• Chère Mrs Bird de A. J. Pearce
• Max de Sarah Cohen-Scali
• Le chant du rossignol de Kristin Hannah
D'autres blogueurs en parlent :
Raison, Lectures et Sentiments ◄
Un bouquin sinon rien ◄
Prochaine chronique :
Shades of Magic, tome 3 - Shades of Light de V.E. Schwab
J'avais envie de découvrir ce livre mais là ça fait quand même (avec le tien) le troisième avis bien mitigé à son sujet voir une déception... je verrai mais je ne le mets pas en priorité.
RépondreSupprimerBonne journée !
Certaines chroniques en disent beaucoup de bien - notamment celle de Un bouquin sinon rien ! Mais oui, je comprends que ça puisse refroidir !
SupprimerJ'ai croisé ce livre en librairie et il m'a plutôt bien intriguée, mais là après ton avis je ne sais pas quoi penser !
RépondreSupprimerEt bien alors dans ce cas là, autant te faire ton propre avis, peut-être en l'empruntant plutôt qu'en l'achetant ?
SupprimerTon avis est très intéressant et nuancé. J'en ai entendu parler et je l'ai noté pour des proches qui adorent la période historique... En espérant qu'elle trouvera l'héroine moins fade que toi. :( Effectivement, on s'attend à ce qu'elle ne le soit pas à la lecture du résumé...
RépondreSupprimerC'est vraiment ça qui est décevant : le synopsis trompeur. Je suis sûre que j'aurais été moins déçue si ça avait été plus réaliste et nuancé. Écoute, j'espère que tes proches apprécieront ! :) Merci pour ce retour.
SupprimerOk ben je ne le lirais sûrement pas... parce que c'est clairement ça que j'attends de ce livre : le côté inquiétant de goûter une nourriture potentiellement empoisonnée. Mais là si c'est les lamentations du personnage non merci. ça me rappelle La Servante écarlate, je pensais qu'il y aurait plus d'action et j'en pouvais plus des pensées de Defred.
RépondreSupprimerAh j'ai pas encore lu La Servante Écarlate ! Mais ouais là l'histoire des goûteuses c'est vraiment pour poser un contexte et pas pour en parler vraiment. Ne tombez pas dans le piège ! 😉
SupprimerComme toi en lisant le résumé et en voyant la couverture ce livre me tentait énormément mais au final j'en entends tellement de retour mitigé qu'il me tente de moins en moins.
RépondreSupprimerMerci pour cette chronique
Bonne journée
J'ai lu des chroniques de blogueurs / blogueuses qui l'avait adoré cependant. Il en faut pour tous, mais c'est pas un livre qui restera dans ma mémoire longtemps malheureusement.
SupprimerJe suis curieuse de le lire depuis sa sortie, il faudrait que j'y jette un œil à l'occasion.
RépondreSupprimerIl existe en version poche maintenant, c'est l'occasion !
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