lundi 23 mars 2020

Le bal des folles

Titre : Le bal des folles
Auteur : Victoria Mas
Édition : Albin Michel
Parution : 2019
Nombre de pages : 251
Synopsis : Chaque année, à la mi-carême, se tient, à la Salpêtrière, le très mondain Bal des folles. Le temps d'une soirée, le Tout-Paris s'encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves, et autres mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal "costumé et dansant" n'est rien d'autre qu'une des dernières expérimentations de Charcot, adepte de l'exposition des fous.
Dans ce livre terrible, puissant, écrit au scalpel, Victoria Mas choisit de suivre le destin de ces femmes victimes d'une société masculine qui leur interdit toute déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme au service du célèbre neurologue ; Louise, une jeune fille "abusée" par son oncle ; Thérèse, une prostituée au grand cœur qui a eu le tort de jeter son souteneur dans la Seine ; Eugénie Cléry enfin qui, parce qu'elle dialogue avec les morts, est envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu'il faut bien appeler une prison.


Points + : la plume, le suspens du récit, les personnages, du féminisme...
Points - : une fin quelques peu précipitée

Avis : 
    C'est un livre reçu à Noël et dont j'avais entendu beaucoup de bien. Le thème me parlait et j'avais envie de voir ce que pouvais donner un récit accolé à de l'histoire vraie...

    Je dois dire que j'ai cette faculté à toujours choisir des livre joyeux et qui prennent place dans une ambiance sereine... Hein ? Non ?
L'intrigue prend principalement place à l'Hôpital de la Pitié Salpêtrière dans ce qu'il a de pire. Là-bas, les femmes sont enfermées, principalement parce qu'elles ne se conforment pas à la société. Bah oui, tu trompes ton mari donc tu es forcément une nymphomane. Tu accuses ton oncle de gestes déplacés donc forcément, tu es une mythomane. Toutes les excuses sont bonnes. En plus de ça, il y a de vraies personnes malades. En gros, deux choix s'offrent à vous à la Pitié Salpêtrière : soit vous êtes vraiment malade, soit vous le devenez grâce aux mauvais traitements.  
    À ce quotidien déjà bien singulier s'ajoute Eugénie, qui affirme pouvoir parler aux morts. Par les yeux des folles, on découvre l'injustice de l'enfermement, les traitements inhumains, la méthode de l'hypnose de Charcot - plus traumatisantes qu'autre chose - mais aussi des moments d'humanité, dans lesquels la folie est oubliée. Le bal de la mi-Carême permet alors aux femmes de retrouver de la dignité et de redevenir des êtres humains. Le destin de toutes peut bien changer ce soir-là...


    Pour ce qui est des personnages, Geneviève est un bon personnage, celle avec le développement le plus intéressant. Infirmière en mal de reconnaissance, elle attrape tout ce qui peut lui booster l'égo, elle s'occupe de ces "pauvres malades", qui sont, peuchère, hors société. Quelle femme brave elle fait. Pas d'attachement, par contre. Sa rencontre avec Eugénie change la donne et on assiste alors à une curieuse métamorphose du personnage. 
    Louise est une pauvre fille naïve croyant encore aux contes de fées. Elle est impossible à guérir - du moins pas avec la méthode de Charcot dont elle est heureuse d'être l'élément central. Par le biais d'Eugénie, on découvre les rouages d'une exclusion familiale qui font qu'une fille de bonne famille comme elle puisse se retrouver injustement dans ce lieu.


    J'ai vraiment aimé la plume de l'auteure. On est dans un environnement lourd, malsain, et elle arrive parfaitement à nous le faire ressentir. En même temps, elle met en lumière des femmes attachantes qui rendent cet univers un peu plus humains. J'ai trouvé énormément de belles tournures de phrases et de situations très réalistes. Victoria Mas arrive à rendre le récit plus léger et à faire tomber l'ambiance à l'instant d'après. N'allez cependant pas croire que tout cela est du passé...
Petit bémol de lecture : la fin qui me paraît vraiment précipitée, sans trop de détails ni de développement. C'est vraiment dommage.


    En conclusion : à la fois documenté et romancé, ce livre rend compte des conditions des femmes "hystériques" au 19ème siècle. La plume reste légère, les messages passent par des personnages touchants. Ce livre est réussi et marque par son thème si peu abordé.

Pour aller + loin :



Chapitre 6, page 113 :
"Thérèse regarde Eugénie en continuant de tricoter. Cette jeune bourgeoise ne lui paraît pas spécialement folle, même si les plus profondes folies ne se voient pas. Thérèse se souvient de clients, les plus convenables, les plus propres au premier abord, qui une fois la porte de la studette fermée se révélaient de véritables malades. Mais la folie des hommes n'est pas comparable à celle des femmes : les hommes l'exercent sur les autres ; les femmes, sur elles-mêmes."

Lu dans le cadre du Defi Lecture 2020
1/100

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Prochaine chronique : Tiny Pretty Things, tome 1
de Sonia Charaipotra & Dhonielle Clayton

3 commentaires:

  1. Depuis que tu en as parlé sur Instagram, je compte bien découvrir ce récit :) Par contre, rien que lire le résumé me hérisse les poils. Mais je veux tout de même le découvrir car c'est vraiment une lecture intéressante. J'hésite encore entre le livre papier/ebook ou livre audio. À voir :)

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    1. Alors perso, je te conseillerais le livre papier. Parce que l'audio, si le synopsis te hérisse les poils, qu'en sera-t-il de l'audio ? :)

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    2. C'est pas faux, ce que tu dis ^^ Je verrai à ce moment là :)

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