Titre : Hôtel Castellana
Titre original : The fountains of silence
Autrice : Ruté Sepetys
Traduction : Faustina Fiore
Édition : Gallimard Jeunesse
Parution : 2020
Nombre de pages : 554
Synopsis : Madrid, été 1957. Passionné de photographie, Daniel Matheson, 18 ans, découvre l'Espagne à travers l'objectif de son appareil. Il loge au quartier général de la haute société américaine : l'hôtel Castellana, où travaille la mystérieuse Ana Torres Moreno. A mesure qu'ils se rapprochent, Ana lui révèle un pays où la dictature fait régner la peur et l'oppression, hanté par de terribles secrets...
Points + : la richesse historique, Daniel, les histoires entremêlées
Points - : une romance qui n'est peut-être pas nécessaire
Avis :
Je tiens à remercier chaudement Je lis donc je suis et My Pretty Books d'avoir si bien vendu ce livre sur leur blog, parce que je l'ai acheté presque instantanément, dans la foulée, hop, hop ! Et quelle merveilleuse surprise que ce roman !
Daniel accompagne ses parents à Madrid lors d'un voyage d'affaires. Ils sont tous les 3 hébergés à l'Hôtel Castellana, qui regroupe tous les riches puissants de l'Amérique, au sein d'un des plus beaux quartiers de Madrid. Daniel devrait étudier l'économie et reprendre l'entreprise pétrolière de son père, mais sa vraie passion, à 18 ans, c'est la photographie. Un journaliste lui propose alors de faire un reportage-photo de la vie madrilène : seul énorme hic, l'Espagne est encore sous le joug de la dictature de Franco, sa mission est presque impossible. Son chemin croise celui d'Ana, sa femme de chambre attitrée : elle est pleine de secrets, à l'image de ce pays. Plus ils se lient, plus la langue d'Ana se délie, et les secrets horribles de l'Espagne de Franco se dévoilent peu à peu.
Je vous le dit à chaud, comme ça : ce livre est un bijou ! Point fort n°1 : le contexte historique est très bien renseigné et ne fait pas de tabou concernant ce pan de l'Histoire espagnole. Pour tout vous dire, je ne connaissais absolument rien de la dictature de Franco et j'ai pourtant réussi à m'y retrouver. L'autrice dissémine ça et là des détails, des dates, des phrases de personnages qui nous indiquent clairement que ça sent pas très bon pour note chère Ana et sa famille. Ma curiosité concernant cette période de l'Histoire a été renforcée et j'ai voulu en savoir davantage, tout en ayant assez d'éléments pour comprendre la forme et le fond de l'histoire du roman.
Aussi, on se représente parfaitement l'Espagne de l'époque : l'ambiance chaude de l'été se mélange à cette aura de tension ressentie dans les rues, dans les discours, que l'on soit dans le point de vue de Daniel ou d'Ana. Les descriptions sont assez détaillées pour que l'on puisse s'imaginer les années 50-60, sans que cela soit longuet.
Outre ce contexte historique, on est aussi happé par les merveilleuses histoires de Daniel et Ana, leur histoire d'amitié et plus si affinités, leurs histoires de vie, le contexte dans lequel ils vivent, leurs rêves. La romance se met en place très doucement, à se demander si elle existe réellement, tellement les signes sont discrets.
Petit bémol à cette lecture, si c'est vraiment un bémol, mais la romance n'est pas utile selon moi. Je ne dis pas qu'elle est "en trop" mais je dis simplement que l'histoire et leurs destins croisés se suffisent à eux-mêmes. Cependant, j'ai adoré leur relation de bout en bout.
J'ai adoré le fait que les personnages - Daniel, Ana et même Puri - gardent leurs secrets jusqu'à la toute fin, gardant un suspens presque insoutenable jusqu'au bout. Il y a plusieurs narrateurs, ce qui fait qu'on se retrouve avec plusieurs intrigues en même temps. Les rêves de corridas, les rêves de vie sans famine, les orphelins de parents inconnus, l'amour, la photographie, les secrets et menaces et derrière tout ça, un point commun : la dictature. Le roman est un bon mélange de documentaire historique, d'enquête, d'histoires familiales et de romance. Grâce à tous ces éléments, on ne s'ennuie jamais et plus important encore, on ne s'y perd pas.
J'ai adoré absolument tous les personnages ! J'ai adoré Daniel et son amour pour la photographie, son affection pour l'Espagne d'où sa mère est originaire, sa compréhension et sa lucidité concernant ce qui se passe. J'ai aimé Ana et sa douceur, son courage, sa beauté, ainsi que son frère Rafa avec son enthousiasme. Les personnages de Fuga et Puri sont moins présents et j'aurais aimé connaître un peu plus leurs vies, leurs secrets. Lui est un jeune qui se rêve toreador - pas d'offense, c'est la culture de l'époque et l'autrice fait justement un petit mot à ce sujet pour ceux qui seraient offensés pour ça. Puri est une jeune fille rentrée dans les ordres, qui s'occupe de jeunes orphelins, déposés à la porte chaque jour, de parents inconnus, adoptés par des étrangers ou de riches espagnols. Tous apportent quelque chose au récit.
En conclusion, vous l'aurez compris : j'ai vraiment adoré ce roman. Ce livre est riche et palpitant, qui mêle Histoire et histoires de vies, avec ce qu'il faut de romantisme, de drames et d'espoirs. Je vous le recommande, à demander sous le sapin aussi !
Pour aller plus loin :
El Valle de los Caidos - Doc Euronews
Exposition / Rapport à la photographie dans l'Espagne de Franco
L'Espagne face aux fantômes du franquisme - Doc Arte
Chapitre 16, page 88 :
"Quand on dit à la radio que "l'Espagne est le pays élu de Dieu", cela signifie-t-il que Dieu a abandonné les autres pays ? Et si les étrangers sont indécents, pour quelle raison l'Espagne ouvre-t-elle ses portes aux touristes ?
- Pourquoi faut-il toujours que tu questionnes tout ? la chapitre sa mère. N'as-tu donc aucune foi ?
Puri a une fois solide, mais elle a aussi des questions. Ne peut-on pas avoir les deux ?"
Vous pourriez aimer :
• L'envol du moineau d'Amy Belding Brown
• Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka
• Chère Mrs Bird de A. J. Pearce
D'autres blogueurs en parlent :
Le boudoir du livre ◄
La citadelle d'Ewylyn ◄
Prochaine chronique :
Petit pays de Gaël Faye
Ah oui ! c'est très tentant, je ne connaissais pas du tout.... je le note !
RépondreSupprimerMerci pour la découverte, bonne journée !
Et bien de rien ! J'espère que ce voyage en Espagne te plaira aussi !
SupprimerTu donnes TELLEMENT envie de lire ce livre.
RépondreSupprimerSurtout que j'avais adoré l'autrice avec Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre
Merci pour cette chronique pleine d'enthousiasme.
Ah alors ça c'est un beau compliment ! C'est super que je donne envie de le lire parce que j'y ai mis tout mon cœur :')
SupprimerQuel plaisir de lire ta chronique ! déjà, parce que tu as aimé le livre (et c'est super chouette) mais aussi parce qu'elle est très bien écrite. Félicitations! Tu me donnerais envie de le lire si ça n'était pas déjà fait xD
RépondreSupprimerOh mais ça pleut les compliments par ici ! Merci c'est très gentil ! Écoute tu peux le relire aussi histoire de marquer le coup ;)
SupprimerJe note pour un proche qui adore cette époque. Ta critique donne envie !
RépondreSupprimerMerci ! J'espère qu'il aimera :)
SupprimerIl faut vraiment que je découvre ce roman ! Je n'en écoute que du bien :D
RépondreSupprimerC'est un signe ;)
SupprimerJe n'ai vu que de bons avis sur ce livre et il m'intrigue beaucoup.
RépondreSupprimerIl me fait penser (de loin) à l'histoire de ma famille qui a vécue la dictature de Salazar au Portugal.
Ça doit être similaire sur certains points, oui. Je te le conseille vivement !
SupprimerPauline de "Je lis donc je suis" m'avait déjà bien tenté aussi avec ce roman... Ta chronique ne fait que renforcer mon envie de le lire !
RépondreSupprimerÇa me fait plaisir ! J'ai vraiment adoré ce livre !
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