mardi 25 août 2020

L'envol du moineau

Titre : L'envol du moineau
Titre original : Flight of the sparrow
Auteure : Amy Belding Brown
Traduction : Cindy Colin Kapen
Édition : Cherche Midi
Parution : 2019
Nombre de pages : 464
Synopsis : Colonie de la baie du Massachusetts, 1672. Mary Rowlandson vit dans une communauté de puritains venus d'Angleterre. Bonne mère, bonne épouse, elle souffre néanmoins de la rigidité morale étouffante qui règne parmi les siens. Si elle essaie d'accomplir tous ses devoirs, elle se sent de plus en plus comme un oiseau en cage. Celle-ci va être ouverte de façon violente lorsque des Indiens attaquent son village et la font prisonnière. Mary doit alors épouser le quotidien souvent terrible de cette tribu en fuite, traquée par l'armée. Contre toute attente, c'est au milieu de ces sauvages qu'elle va trouver une liberté qu'elle n'aurait jamais imaginée. Les mœurs qu'elle y découvre, que ce soit le rôle des femmes, l'éducation des enfants, la communion avec la nature, lui font remettre en question tous ses repères. Et, pour la première fois, elle va enfin pouvoir se demander qui elle est et ce qu'elle veut vraiment. Cette renaissance pourra-t-elle s'accoutumer d'un retour "à la normale" dans une société blanche dont l'hypocrisie lui est désormais insupportable ?


Points + : la plume, le récit accrocheur, le personnage de James
Points - : parfois un peu de rapidité


Avis :
    Je suis tombée sur ce livre pour la première fois à la Fnac, et j'avoue, j'ai été attirée par la citation de Jim Fergus, l'écrivain de Mille femmes blanches, que j'avais adoré. J'avais vraiment la crainte de retrouver une sorte de copier-coller de ce roman de Jim Fergus mais, heureusement, cela se passe 200 ans avant, et uniquement la différence de culture est commune aux deux romans. 

    Mary est une jeune femme puritaine qui vit dans une colonie anglaise. Un jour, une tribu d'amérindiens attaque sa ville et kidnappe femmes et enfants, les emportant au loin et les répartissant dans différentes tribus. L'opposition avec son mode de vie se fait là : alors qu'elle et son peuple réduisent en esclavage les indiens des alentours, elle se retrouve alors esclave de la femme du chef - ah dommage ! De plus, dans un mode de vie puritain dans lequel elle ne peut pas sortir sans l'accord du mari, chez les indiens, elle peut aller à sa guise dans la nature, elle observe les différentes manières d'éduquer les enfants et surtout, elle découvre la place dominante que les femmes ont dans cette tribu. Mary remet alors en question son mode de vie si sain, si dévoué à ce Dieu qui ne l'aide plus...

    J'ai adoré ce livre ! Je voulais vraiment replonger dans un contexte d'opposition entre Blancs et Amérindiens. J'ai aimé voir la différence entre le monde puritain - que j'ai découvert, je ne pensais pas que c'était si extrême dans les interdictions - et le monde amérindiens. Loin de moi l'idée de faire une chronique qui consisterait à comparer le livre de longue à Mille femmes blanches mais j'ai beaucoup crains que ce soit la même chose... seulement non. Dans ce livre, les conditions de vie sont plus difficiles, il est question de conflits, de guerre et cela rend le récit un peu plus vivant. On craint réellement pour la vie de Mary. On se questionne avec elle sur un possible retour, comment il se déroulerait, comment concilier ses nouvelles valeurs avec les anciennes ? 


    En plus d'un récit accrocheur, le livre est vraiment renseigné. L'autrice s'est inspirée de la vraie vie de Mary Rowlandson, ce qui rend crédible le récit. Les conflits ont réellement existé et les dates coïncident. On est vraiment plongé dans cette partie de l'Histoire. Par contre, la vitesse avec laquelle Mary oublie le massacre de son village est un peu déroutant. Ce n'est pas un kidnapping, c'est aussi un massacre et une bonne douzaine de personnes sont tuées. Mary est à juste titre choquée, elle lutte, essaie de protéger sa fille, mais une fois arrivée au village des amérindiens, la douleur des images s'apaise et elle s'adapte très rapidement. Peut-être que ça s'est réellement passé comme ça mais cela ne m'a pas aidé à m'attacher à Mary à cet instant. Certains passages sont rapidement expédiés, c'est dommage.

   
    Parlons personnages justement, et comme évoqué, j'ai eu du mal à m'attacher à Mary : elle est influençable, formatée par un mariage non pas forcé mais "consenti". J'ai vraiment cru qu'elle avait des œillères, jusqu'à constater qu'en réalité, on lui imposait de ne pas voir. Elle m'a davantage plu lorsque sa vraie personnalité se réveille et qu'elle se découvre une ambition, une force, puisée dans la vie indienne. J'ai adoré suivre le développement de ce personnage. Parlons peu, parlons mal de Joseph, le mari puritain de Mary. Vous allez adorer le détester : il est insupportable et justifie absolument tout par Dieu. Vous me direz il est pasteur mais en gros, si Mary fait une erreur - ou ce qui lui paraît être une erreur - Dieu la punira. Mais si c'est lui, l'erreur n'existe pas, c'est Dieu qui l'a voulu. Vous choppez le truc ? Histoire de le détester encore plus : il est sexiste, raciste et intolérant. Heureusement, le personnage de James rehausse le tout. Ainsi que la plupart des amérindiens avec qui Mary interagit. Vous allez détester être Blanc en lisant ce livre, c'est moi qui vous le dit. Je le vends bien hein... 


    En conclusion, c'était une très bonne lecture, novatrice dans la thématique de cohabitations Anglais/Amérindiens. Je peux aussi qualifier ce livre de page-turner puisqu'il m'a parfois tenue éveillée jusque tard dans la nuit. On en apprend donc beaucoup sur cette époque et son contexte. Au final, un récit touchant, féministe et prônant la tolérance de ce qui nous est étranger.



Chapitre 24, page 295 : 
"Joseph prie avec elle chaque matin et chaque soir, lui lisant de longs passages édifiants des Saintes Écritures. Petit à petit elle recouvre ses forces. Elle gagne peu à peu la certitude que si Dieu a laissé ces terribles épreuves s'abattre sur la Nouvelle-Angleterre, c'est parce qu'ils se sont adonnés à l'esclavage. Au lieu de s'examiner eux-mêmes, les Anglais, dans leur ignorance et leur stupidité, ont cru que tout ce qu'il faisaient était approuvé par Dieu."

Pour aller plus loin :

Lu dans le cadre du Défi Lecture 2020
13/100

Vous pourriez aussi aimer :
Mille femmes blanches de Jim Fergus
La colline aux esclaves de Kathleen Grissom
La couleur des sentiments de Kathleen Stockett

D'autres blogueurs en parlent :
Anouk Library

Prochaine chronique :
Bulles en vrac #9

4 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas ce livre, mais ton avis est super bien argumenté, il m'a donné envie de le découvrir ! :D

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    1. C'est grâce aux exercices de dissertation en Français ça... j'arrive à argumenter ! Non plus sérieusement c'est cool que ça t'ait convaincu ! :D

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  2. Ce livre a l'air génial ! J'aime beaucoup ce genre d'histoires

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    1. Il l'est vraiment ! En plus si tu es adeptes de ce genre d'histoires, alors je le conseille ++

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À bientôt !