Titre original : One thousand white women
Auteur : Jim Fergus
Traduction : Jean-Luc Piningre
Édition : Pocket
Nombre de pages : 495
Synopsis : En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l'intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart vient en réalité des pénitenciers et des asiles... L'une d'elles, May Dodd, apprend sa nouvelle vie de squaw et les rites des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l'alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, elle assiste à l'agonie de son peuple d'adoption...
Avis :
Bien que j'ai beaucoup entendu parler de ce livre, je ne m'étais pas spécialement arrêté dessus. Le synopsis, à première vue, ne me tentait pas plus que ça. La littérature américaine, en général, ça attire peu mon attention et même si ma curiosité était titillée par le principe de "l'échange de femmes", ce n'était pas suffisant pour me convaincre. Cependant, j'ai fini par l'acheter - je voulais sortir de ma zone de confort, et j'ai bien fait, puisque c'est un coup de cœur !
May Dodd est une jeune femme internée en hôpital psychiatrique pour la raison suivante : c'est une débauchée. Elle aime trop les hommes. Pauvre folle ! Vous rendez-vous compte mes amis ? Elle aime séduire et être séduite, ue va-t-on faire d'elle ? Elle est perdue. Elle se retrouve loin de ses deux enfants, confiés aux grands-parents - bravo les génies ! May ne rêve finalement que de liberté et quand elle entend parler du programme "d'échange" proposé par le gouvernement, elle fonce dans le tas. Elle part donc avec une centaine d'autre femmes, à la conquête du mariage avec les Cheyennes.
J'ai adoré le personnage de May : véritable vilain petit canard dans sa propre société, elle cumule tristesse et rancœur vis-à-vis de ses proches qui l'ont jadis laissée tomber - ne jetons pas la pierre. Néanmoins, elle ne manque pas de répartie et fait preuve d'humour dans beaucoup de situations. Même si la plupart des femmes sont effrayées par la perspective d'arriver dans une nouvelle contrée auprès d'un peuple inconnu, elle est une des seules à se montrer calme, réfléchie, prête à faire au mieux, non pas pour son peuple, mais pour son pays.
Les femmes qui l'accompagnent ont été, pour la plupart, sorties d'asile ou de prison par le gouvernement afin de remplir les quotas qu'exige le chef Little Wolf. Les femmes sont donc des hors-la-loi ou des femmes considérées comme aliénées, en recherche d'une nouvelle vie. J'ai particulièrement aimé Phémie, jeune femme noire, fille d'une ancienne esclave, forte et déterminée évoluer auprès d'une population elle aussi rejetée. On trouve aussi les jumelles rousses, condamnées pour des larcins, indomptables et indiscrètes. Les femmes se retrouvent ici sur un même pied d'égalité, prêtes pour démarrer une nouvelle vie que l'auteur nous détaille merveilleusement bien.
À travers ce livre, Jim Fergus réussit à dénoncer les mauvais traitements infligés aux Indiens d'Amérique par le gouvernement américain : Little Wolf demande 1000 femmes blanches à marier avec son peuple, ce qui permettra à sa nouvelle génération de s'intégrer plus facilement, et dans le meilleur des cas, ne former qu'une seule population américaine. À travers les yeux de May Dodd, l'orgueil, le racisme, la fierté et la supposée omnipotence du peuple blanc ressort davantage.
On découvre la culture cheyenne, fondée sur le respect du vivant et de l'environnement. Les femmes blanches ont pour mission d'enseigner les pratiques plus "modernes" aux femmes indiennes, mais il semble que les femmes blanches aient davantage à apprendre des femmes indiennes. May Dodd et ses amies sont "adoptées" par leur nouvelle tribu, attachante, soudée et loyale. Elles acquièrent de nouvelles valeurs, détruisent leurs préjugés et bénéficient enfin du respect qu'elles méritent. La confrontation des deux peuples est captivante et observer cela à travers les yeux d'une femme permet de souligner encore plus de disparités.
La plume de l'auteur est le dernier point fort que je tenais absolument à souligner. J'ai un autre livre de Jim Fergus dans ma bibliothèque et j'avoue que le synopsis ne m'a pas plus captivée que cela, mais après avoir découvert sa plume, l'histoire risque d'être intéressante, ou en tout cas, si le type d'écriture est le même que dans Mille femmes blanches, j'ai l'espoir d'y trouver de nouveau des phrases magnifiques avec un vocabulaire riche et des réflexions approfondies. J'ai eu du mal à choisir la citation du livre que je mettrais en fin d'article. Finalement, j'ai pris la plus courte parmi celles choisies. J'ai tellement aimé le phrasé que j'ai dû prendre en photo les 3/4 du livre.
Ce livre est une pépite. On apprend à la fois sur la culture indienne, sur l'Histoire des États-Unis et surtout, il est très représentatif de ce dont est capable l'être humain. Le personnage de May Dodd est idéal pour une immersion complète dans ce nouveau monde et je suis réellement contente d'avoir acquis ce livre au riche phrasé. Si vous ne l'avez pas encore entre les mains, qu'attendez-vous ?
Chapitre 1, page 75 :
"Franchement, vu la façon dont j'ai été traitée par les gens dits "civilisés", il me tarde finalement d'aller vivre chez les sauvages. J'espère qu'eux, au moins, sauront nous apprécier."
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Ah je l'ai dans ma PAL mais je le repousse, ton avis me donne envie de m'y mettre!
RépondreSupprimerPrend ton temps ! Déjà tu l'as dans ta PAL c'est un petit pas de fait ;)
SupprimerTu verras il va te plaire :)
Je ne connaissais pas du tout ce livre, mais il semble super intéressant au vu des thèmes qu'il propose! Le fait d'avoir cette collision entre une civilisation dite supérieure et un peuple incompris, ça me rappelle un peu "Danse avec les loups", film que j'ai absolument adoré. Une fois immergés, les personnages dépassent leurs préjugés.
RépondreSupprimerAu vu de ce que tu dis, l'auteur semble assez neutre avec la perspective qu'il donne, se contentant de raconter des faits plutôt que de juger. Il semble donner une vraie force aux personnages féminins (en plus des recluses de la société), et j'aime beaucoup ça!
Je suis assez friande de ce genre de livre qui mélange histoire, culture et développement humain. C'est définitivement le genre de roman que je lirais volontiers ;)
Je n'ai pas vu Danse avec les loups, mais du coup ça m'intrigue :)
SupprimerL'auteur ne juge pas... mais May si ! En fait, c'est l'histoire racontée via les journaux intimes de May, qui juge, mais comme le fait une femme à cette époque : en silence... ou avec sarcasme :)
En tout cas tu risques d'adorer !
Ah oui d'accord, je vois, bah c'est bien si c'est en plus une femme marginalisée :)
SupprimerJ'adore "Danse avec les loups", et je te conseillerais aussi le film "Le dernier des mohicans" dans le genre (à la base c'est une bd mais il existe aussi un roman là-dessus).
Un beau Kevin Costner et un beau Daniel Day-Lewis :P
Ah merci ! Moi qui cherchais depuis longtemps un livre qui pourrait être dans le ton de celui d'Arthur Golden. Je suis ravie enfin quelqu'un qui me donne envie de lire !
RépondreSupprimerC'est un peu le style oui ! Régale-toi :)
SupprimerJe ne connaissais pas ce livre mais j'ai bien envie de le découvrir parce que ça m'intéresse d'en savoir plus sur les indiens et j'aime bien découvrir l'histoire américaine.
RépondreSupprimerIl est fabuleux et on apprend plein de choses. Idéal pour ça :)
SupprimerSincèrement, je ne me serais peut-être pas penché sur ce roman, sans ta chronique. À présent, je pense qu'il peut vraiment me plaire pour les thèmes dont il traite :)
RépondreSupprimerTant mieux alors :)
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