Titre original : The kitchen house
Auteur : Kathleen Grissom
Traduction : Marie-Axelle de La Rouchefoucauld
Édition : Pocket
Parution : 2016
Nombre de pages : 528
Synopsis : États-Unis, 1791. Lavinia, jeune orpheline irlandaise, se retrouve domestique dans une plantation de tabac. Placée avec les esclaves noirs de la cuisine, sous la protection de Belle, la fille illégitime du maître, elle grandit dans la tendresse de cette nouvelle famille.
Cependant, Lavinia ne peut faire oublier la blancheur de sa peau : elle pénètre peu à peu dans l'univers de la grande maison et côtoie deux monde que tout oppose. Jusqu'au jour où une histoire d'amour fait tout basculer... Le petit monde de la plantation est mis à feu et à sang, de dangereuses vérités sont dévoilées, des vies sont menacées...
Avis :
Énormément conquise par le magnifique roman de Kathryn Stockett La couleur des sentiments, je n'hésite pas à me pencher vers les livres qui traitent de la ségrégation voire de l'esclavage aux États-Unis (je n'ai pas eu l'occasion de voir un livre traitant de l'esclavage ailleurs qu'aux USA). Je me suis donc intéressée de plus près à ce roman de Kathleen Grissom et malheureusement, ça n'a pas marché.
Lavinia est une enfant perdue recueillie par une famille de riches Blancs possédant des plantations. Ils décident de la confier au quartier des esclaves, qui la prennent en affection et la considèrent comme étant de leur famille. Le temps passe et alors que Lavinia devient une jeune fille, elle ne peut ignorer plus longtemps cette différence qui va la séparer de sa famille adoptive.
Parlons bien, parlons d'abord de ce que j'ai apprécié. Euh... alors en fait. Euh... je... Bon en fait, je n'ai pas de point que j'ai apprécié tout particulièrement. C'est un peu décevant parce que j'attendais beaucoup de ce livre.
Tout de même, je dois avouer que l'histoire est prenante. Au fil des pages, j'avais de plus en plus envie de découvrir ce qu'il allait advenir de Lavinia. Cependant, ce n'est pas le personnage que j'ai préféré, loin de là. J'ai davantage été attirée par l'histoire de Belle, sa mère adoptive Noire ou encore par l'évolution de Mme Martha et sa santé fluctuante. Ça partait quand même déjà mal : je n'accrochais pas avec l'héroïne, celle autour de qui tourne l'histoire. Elle possède très peu de lignes de dialogues - elle est incapable de parler au début du livre - et tous les évènements qui l'entourent son décrits de manière morne et à demi-mots.
C'est la seconde raison pour laquelle je n'ai pas accroché avec ce roman : les scènes décrites le sont à demi-mots. Remettons-nous dans le contexte : des Noirs sont sur-exploités par une riche famille de Blancs. Ces Noirs sont confrontés à des choses tout à fait atroces - violences, malnutrition, saleté, maladies, viol, fatigue... - et alors, je m'attendais à plus de descriptions, tout de même. Alors n'allez pas croire que je voulais une description d'un viol ou de coups de fouets en détails mais parfois, on nous lance des indices sur le déroulement d'une scène et après... et bien : libre interprétation ! J'ai été très souvent perdue à cause de la façon dont les scènes étaient décrites. Tout est expliqué à demi-mots, on ne sait pas où ça va, ni où la phrase veut en venir.
Parfois j'ai été surprise comme "Mais attend donc lui il est mort ? Et elle, elle était pas malade ? Puis lui, il était pas avec cette femme ?". Hey, c'est compliqué à suivre. On nous présente une scène style "Monsieur X va voir Madame Y, il la frappe, elle est blessée". Et donc ? Elle est blessée... et quoi ? Moi, je suis inquiète ! Bah deux chapitres suivants on apprend que la madame va bien. Ou alors qu'elle est morte. Je ne sais plus. Mais voyez un peu le style ? On nous décrit une scène - sans dialogue ou presque - et puis bah... on sait plus. Presque tous les chapitres finissent sur une note sombre, parfois avec une note d'espoir, mais au chapitre suivant, le sujet s'envole comme par magie et on passe à autre chose. Ceci est : frustrant.
Outre ce récit que je trouve brouillon, je dois avouer qu'on est plongé en plein dans l'Amérique du 19ème siècle. Je n'ai eu aucun mal à me représenter l'environnement où vivait Lavinia et ses maîtres. On ne peut pas enlever ça à l'auteure : elle montre parfaitement la vie d'esclave ou de Blanc au temps de l'esclavage - du moins vers sa fin. On arrive assez bien à se représenter quelles peuvent être les conditions de travail d'un Noir comme Ben ou la vie morne d'une femme Blanche mariée à un riche propriétaire comme peut l'être Mme Martha.
Deux périodes composent le livre : l'enfance de Lavinia et sa vie de jeune femme. Bon, la période de son enfance est...... longue ! Mais longue... ! Il m'est arrivé de lire des passages que je jugeais presque inintéressants. Il faut dire que dans cette partie du récit, Lavinia ne parle presque pas et tout ce qu'elle vit est décrit par ses yeux. On ne sait pas spécialement ce qu'elle ressent, elle ne fait pas de commentaires. Fanny et Beatie sont ses deux copines d'enfance et malgré une forte présence de ces personnages, je les ais trouvées fades. Vraiment, c'était un début fastidieux pour moi.
J'ai nettement préféré sa vie de jeune femme : c'est le moment où son cœur est concrètement partagé entre sa famille noire et sa vie de blanche. Elle devient une femme plus affirmée et elle en devient du coup, plus attachante. J'ai regretté que mon intérêt pour l'histoire apparaisse si tard. Cette partie du récit met en avant Marshall - vous vous en ferez votre propre avis ! - ou encore Belle, papa George ou sa femme. On voit vraiment le clivage entre Noirs et Blancs et enfin j'ai trouvé un intérêt à cette lecture. Malheureusement, ce regain d'intérêt ne me permet pas de l'apprécier à sa juste valeur, j'imagine.
Certaines chroniques mettent en avant l'aspect affectif du livre dans le sens où, malgré la blancheur de peau de Lavinia, sa priorité reste sa famille adoptive tout au long du livre. J'en ai bien conscience. J'ai compris le message mais je suis restée tout à fait imperméable à tout sentiment. Même cet aspect-là ne m'a pas conquise. Je n'explique pas comment cela a pu se passer puisque je suis assez sentimentale dans le genre...
En conclusion, je suis très déçue. J'ai lu pas mal de chroniques qui en disaient beaucoup de bien et j'aurai aimé partager ces avis. Mais j'ai eu beaucoup trop de déceptions tout au long de ma lecture : un récit incertain, une héroïne qui met du temps à s'affirmer, des personnages secondaires présents mais souvent assez neutres, et un synopsis vendeur mais fallacieux. Heureusement, il reste l'ambiance pour s'imprégner du contexte historique, mais c'est bien assez peu pour apprécier l'ensemble.
"Ses mots me rassurèrent, mais, ce jour-là, je découvris une nouvelle réalité et pris conscience d'une ligne tracée en noir et blanc, bien que sa profondeur ne signifiât pas encore grand chose pour moi."
Lu dans le cadre du
Challenge des pavés
Challenge des pavés
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C'est dommage qu'il soit assez nébuleux, parce qu'il me tente beaucoup ^^ Peut-être que je l'emprunterai un jour. Merci pour cette découverte !
RépondreSupprimerAprès en toute honnêteté, ce n'est pas un défaut que tout le monde relève donc c'est peut-être juste moi. :)
SupprimerC'est dommage, le roman avait l'air intéressant! Je comprends ta frustration cela dit, le fait qu'on ne sache rien du devenir de personnages mis en avant par l'auteure (comme si ces scènes étaient importantes pour finalement dire après: ah bah non!) fait perdre du sens au déroulement de l'histoire. Je crois que ça m'aurait aussi déçue comme aspect!
RépondreSupprimerJe me suis également intéressée à un roman sur l'esclavage que j'espère lire bientôt: Underground Railroad de Colson Whitehead. J'avais lu les premiers chapitres en magasin (y avait une minuscule étagère pour livres VO) et j'avais vite accroché à la plume et à l'univers, du coup, je l'ai acheté!
Peut-être que ça pourra te plaire aussi, il a été traduit en français :)
C'était vraiment pénible, cette incertitude.
SupprimerOui, j'en ai entendu parler de celui-ci ! J'attends donc ta chronique ;)
C'est le genre de titre, thème et couverture qui aurait pu m'attirer, mais la chronique que tu en fais me fait passer mon chemin. Je vais plutôt essayer de sortir de ma PAL La couleur des sentiments :)
RépondreSupprimerAlors ça, c'est la meilleure idée que tu puisses avoir suite à la lecture de cette chronique. La couleur des sentiments est un de mes romans préférés ! Très très beau ! :)
SupprimerOh je crois que c'est la première fois que je vois une chronique moins enthousiaste, comme quoi ! Je crois qu'il est dans ma PAL (je n'en suis même pas sûre, ahah) donc on verra bien quand je le lirai de quel côté je pencherai :p
RépondreSupprimerOui le mieux est de te faire ton propre avis. Il est vrai que mon avis diverge par rapport à d'autres. Je ne sais pas pourquoi... j'ai peut-être mal saisi l'histoire, la narration. Enfin bonne future lecture !
SupprimerJe n'ai pas ressenti de coup de coeur pour ce livre mais je l'ai malgré tout beaucoup aimé. J'ai ressenti énormément d'émotions lors de ma lecture. Par contre, je ne ressens pas du tout le besoin de lire la suite 🤔
RépondreSupprimerTant mieux ! Il vaut mieux ressentir des émotions que de reste stoïque comme moi !
SupprimerOui, je ne ressens pas le besoin de lire la suite non plus ! Pour moi l'histoire suit son cours et c'est très bien !