jeudi 22 mai 2014

La part de l'autre

Titre : La part de l'autre
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Édition : Le livre de poche
Parution : 2001
Nombre de pages : 503
Synopsis : 8 octobre 1908 : Adolf Hitler est recalé.
Que se serait-il passé si l'Ecole des beaux-arts de Vienne en avait décidé autrement ? Que serait-il arrivé, si, cette minute-là, le jury avait accepté et non refusé Adolf Hitler, flatté puis épanoui ses ambitions d'artistes ?
  Cette minute-là aurait changé le cours d'une vie, celle du jeune, timide et passionné Adolf Hitler, mais elle aurait aussi changé le cours du monde...




Avis : 
  Un livre que j'avais envie de lire depuis quelques années déjà, merci à la bibliothèque municipale (tu n'as pas beaucoup de choix mais au moins c'est du lourd !). Vous l'aurez peut-être remarqué au fil de mes chroniques, j'adore tout ce qui a trait à l'Histoire, spécifiquement les guerres, les ségrégations et les combats de gens dit "lambdas" - que de joiiiiiie ! C'est donc normal que je me tourne vers ce livre, dont la tournure est originale.

  Le roman est divisé en deux parties : le Hitler recalé et le Adolf H. accepté. Subtilement, Eric-Emmanuel Schmitt nous décrit, nous raconte ces deux Hitler, semblables et pourtant totalement différents. Au départ, rien ne les différencie, puis arrive le verdict : le Hitler recalé se bornera à penser qu'ils n'ont pas décelé son génie, qu'il est un artiste incompris. Je pense qu'EES a voulu plutôt nous montrer ces facettes d'Hitler : sa façon de penser, son orgueil, sa prétention, bien même avant son antisémitisme et sa rage de vaincre, c'était des faces de sa personnalité qui ont relevé son côté sombre au fil du temps. Alors attention, on remarque bien aussi que le Hitler fictif a ces défauts, il se croit avec du talent, il est susceptible, mais la seule et unique différence, c'est que ce Hitler-là va accepter ses défauts et essayer de les surmonter, alors que le vrai Hitler passe sa vie à les nier, à rejeter la faute sur les autres. 

   Cette opposition devient intéressante à partir du moment où le Hitler fictif se rend compte de ses troubles envers les femmes, et qu'il essaye de les guérir, et que le vrai Hitler va se borner à penser que c'est futile, que le sexe est futile et va même jusqu'à se donner raison de garder sa virginité "au chaud" pour mieux préserver ses bonnes qualités à transmettre. Ensuite, tout au long du livre, il y aura cette opposition : face au sexe, mais aussi aux femmes, à la guerre surtout. On voit que l'auteur a voulu mettre en évidence la façon de penser des deux Hitler, comme pour nous signaler que ce sont nos pensées et nos actes qui déterminent qui nous sommes, il n'y a pas de bon et de mauvais Hitler, le fictif pourrait être tout aussi torturé, mais sa capacité à se remettre en question le sauve, alors que l'autre s'enferme dans le déni, jusqu'à cette folie qu'on lui connait.

   J'ai pu aussi constater la grande place que prend la psychologie dans ce roman - on n'en parle que très peu, mais dans les deux histoires, c'est un évènement crucial. Je n'en parlerai pas tellement de peur de vous dévoiler quelques intrigues mais c'était fascinant de voir que de simples petits évènements peuvent changer l'humain à un point de non retour.

  Vous serez sans doute amenés à préférer le Hitler fictif - lui aussi confronté à une sorte de seconde guerre, comme si c'était inévitable - mais j'ai aussi éprouvé beaucoup de peine pour le vrai Hitler, de le voir si seul, et si égocentrique dans toutes ses actions. J'avais des doutes quand à la véracité de certains dialogues, certains actes, mais il s'est avéré que EES à fait un bon boulot de recherche historique.


  Je conseillerai ce livre aux avides de culture, de vérité et à ceux qui veulent comprendre, parce que ça me parait plus clair désormais. Il n'est pas là question d'excuser mais de comprendre et ensuite de se dire que ça peut arriver à tout le monde. Il faut connaître les raisons pour éviter que cela se reproduise.

"Comment peut-on commander les hommes si l'on n'appartient pas soi-même à l'humanité ?"


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6 commentaires:

  1. Belle chronique ! Je suis ravie que tu aies aimé en fin de compte. Tu as totalement raison avec ta conclusion, ça aurait pu arriver à n'importe qui. Un simple petit détail peut changer une existence... C'est vraiment un livre qui mérite d'être lu. ^^

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    1. Franchement ouais ! C'est mon coup de coeur du mois. J'ai lu l'édition où il y avait le "journal" de l'auteur, c'était tres intéressant. :)

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  2. J'ai envie de le lire depuis longtemps, je l'ai dans ma bibliothèque, mais je ne sais pas, je ne me lance pas... bientôt j'espère^^ Ton avis m'a l'air de montrer un livre qui correspond avec ce que j'attends alors...^^

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    1. Si il à l'air de correspondre, suis ton instinct ! ;)

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  3. Génial ton article ! Un autre de Schmitt qui te plairais surement (si tu ne l'as pas encore lu) c'est "L'évangile selon Pilate". Magnifique et du coup,l'histoire est au RDV(religieuse mais histoire quand même). Schmitt a encore une vision bien à lui des choses pleine de poésie, de beauté et philosophie :)

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    1. Ouiiiii il est dans ma WL. J'ai hâte de le trouver. J'ai d'autres romans de Schmitt dans ma bibliothèque mais pas le temps de les lire encore... merci pour ton commentaire :)

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Merci de votre passage sur mon blog !
À bientôt !