lundi 16 novembre 2020

Pourvu que la nuit s'achève

Titre : Pourvu que la nuit s'achève
Titre original : A house without windows
Autrice : Nadia Hashimi
Traduction : Emmanuelle Ghez
Édition : Milady
Parution : 2017
Nombre de pages : 540
Synopsis :
Lorsque Zeba est retrouvée devant chez elle, le cadavre de son mari à ses pieds, il paraît évident aux yeux de tous qu'elle l'a tué. Depuis son retour de guerre, Kamal était devenu un autre homme, alcoolique et violent. Mais cette mère de famille dévouée est-elle capable d'un tel crime ? Présumée coupable, Zeba est incarcérée dans la prison pour femmes de Chil Mahtab, laissant derrière elle ses quatre enfants.
C'est à Yusuf, revenu des Etats-Unis pour régler une dette symbolique envers son pays d'origine, l'Afghanistan, que revient la défense de ce cas désespéré. Mais la prisonnière garde obstinément le silence. Qui cherche-t-elle à protéger en acceptant de jouer le rôle du suspect idéal ? Et dans ces conditions, comment faire innocenter celle qu'on voit déjà pendue haut et court ? 


Points + : les personnages de Zeba et Gulnaz, la plume
Points - : quelques longueurs

Avis :
    J'ai obtenu ce livre par un concours par tirage au sort de la maison d'édition Milady en 2017. Je ne le sort que maintenant, et j'en suis désolée. Cependant, ce n'est pas un livre que j'ai vu passer très souvent sur les blogs alors j'espère vous le faire découvrir

    Zeba est une mère au foyer, découverte un matin les mains ensanglantées, le corps de son mari à ses pieds, une hache dans le crâne. Il n'y a pas de preuves, elle n'a pas avoué, mais c'est une femme avec son mari mort, donc les villageois la condamnent. La voila dans la prison pour femmes de Chil Mahtab avec des codétenues curieuses, mais qui ont elles aussi subit l'injustice. On lui dégote un avocat sur le tard, le jeune Yusuf qui veut venir faire ses preuves en Afghanistan, son pays natal, après avoir étudié en Amérique. Le problème pour l'avocat ? Zeba a décidé de ne rien dire. Rien ne sort de sa bouche, pas même une phrase qui l'innocenterait, pas même un mensonge... Que cherche-t-elle à cacher ?

    Avant toute chose, sachez que ce n'est pas la relation, la confiance qui se crée entre Zeba et Yusuf qui est au centre du récit, mais bien le personnage de Zeba lui-même. Durant la première partie du roman, on découvre à la fois le personnage de Zeba, puis celui de Yusuf. C'est une partie un peu longue, surtout qu'on en apprend beaucoup sur la vie de Zeba avant la prison, dans son enfance, pareil pour Yusuf. 

    On assiste impuissants à la résignation de la jeune mère, à la puissance des hommes, leur omnipotence, l'injustice subie par les femmes de la prison, pour la plupart enfermées parce qu'elles sont accusées de zina (ce qui signifie pour les afghans toute relation sexuelle hors du mariage). Ce livre, à travers le personnage de Zeba, semble être la voix de toutes les femmes afghanes. Qu'en est-il de Yusuf ? Il représente l'enfant du pays qui a réussi ailleurs, en Occident, et qui veut changer son pays avec de nouvelles valeurs. 

    J'ai aimé ce livre qui dessine un portrait différent de l'Afghanistan - ou du moins différent de ce qu'on peut nous en montrer - tout en restant dans l'objectivité. On nous décrit les paysages, la foule omniprésente dans les rues, les parfums, les saveurs, mais aussi la corruption, la justice inégale, les conséquences de l'occupation soviétique, l'influence de l'Amérique, les relations familiales bancales, la notion d'honneur... et au milieu de ça, Zeba. Je n'ai pas ressenti de grandes bouffées d'émotion au fil de ma lecture mais c'est vraiment une histoire poignante qui vous donnera envie de soupirer, crier, vous insurger. Personne ne peut rester complètement insensible à la cause de Zeba.

    Côté personnages, j'ai évidemment aimé celui de Zeba, grande personnalité, grand honneur, grande force, grande détermination mais aussi grande bonté. C'est vraiment une femme forte et juste. J'ai eu plus de mal avec Yusuf qui arrive en white savior - sans être blanc, ce qui montre son intégration dans le monde Américain - mais qui se retrouve face à son histoire, ses origines, les valeurs d'un pays aux antipodes des siennes. Une vraie évolution avec ce personnage. Vous serez aussi touchés par la mère de Zeba : Gulnaz, une jadugar - peut se traduire par sorcière - qui est à la fois forte, sensible et fortement insoumise.

    En conclusion, Pourvu que la nuit s'achève est un roman poignant qui, je pense, restera dans ma mémoire un bon moment. J'avais préféré Mille Soleils Splendides mais celui-ci montre les femmes face à la justice du pays. Même s'il comporte quelques redondances, j'espère que vous saurez apprécier l'histoire de Zeba et sa relation avec sa mère Gulnaz. C'était le premier livre que je lisais de l'autrice et j'ai été conquise par sa plume et son regard sur l'Afghanistan. Je vous la recommande.

Pour aller plus loin :
Vidéo France 24 - De plus en plus d'Afghanes
en prison pour "crimes de moralité"

Gulnaz - La justice inversée

Chapitre18, page 191 :
"- Es-tu allée voir ton père ?
Gulnaz secoua la tête.
- Qu'aurait-il pu faire pour moi ? C'était déjà un viel homme, et les gens étaient convaincus que c'était un espion à la solde des Anglais. J'ai grandi dans cette maison, et je savais qu'il n'était pas aussi puissant qu'il le prétendait. Il ne l'admettra jamais, mais cet homme est plein de ruse.
Zeba baissa les yeux.
- Ma fille, il est particulièrement douloureux d'apprendre que ses parents ne sont pas les anges ou les héros qu'on aimerait qu'ils soient. Je le sais mieux que personne.
Zeba voulait parler, dire à sa mère qu'elle ne lui inspirait ni ressentiment ni déception, mais les mots s'arrêtèrent au bord des lèvres.
- Nous y survivrons. Nous survivrons tous à la découverte de la vérité sur nos parents, car nous ne pouvons rester des enfants éternellement."


Ce livre a été lu dans le cadre du Défi Lecture 2020
23/100

Vous pourriez aussi aimer :
Mille soleils splendides de Khaled Hosseini
La couleur pourpre d'Alice Walker
D'autres blogueurs en parlent :

Prochaine chronique :
Les graciées de Kiren Millwood Hargrave

10 commentaires:

  1. Ca a l'air d'être un récit intéressant ! Je vais aller voir ta chronique sur Mille soleils splendides car tu m'as intriguée :)

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    1. Alors vraiment Mille Soleils Splendides c'est le meilleur livre du genre. Enfin j'en ai pas lu tant que ça, mais vraiment, un bijou <3

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  2. Je ne connais pas du tout cette auteure ni ce titre ! A en lire ta chronique, cela pourrait peut-être me plaire... je note ;)
    Bonne journée

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  3. Je ne connaissais pas du tout, mais ça m'intrigue fortement, je ne me serais jamais tournée vers ce type de récit et pourtant, ton avis me rend curieuse. J'espère découvrir un jour ce livre, merci !

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    1. Et bien merci à toi pour ce commentaire ! Peut-être pour sortir de la fameuse "zone de confort".

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  4. Je ne connaissais pas ce livre et même si ce n'est pas du tout mon style de lecture habituel, je suis curieuse de découvrir ce livre. Tu m'as donné envie de rencontrer Zeba :)

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    1. C'est un personnage qui mérite qu'on la connaisse. Vraiment je l'ai adoré. Et pourtant les persos féminins... :)

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  5. Je suis d'accord pour les longueurs... Mais, comme toi, j'ai été très sensible aux personnages, à l'ambiance, à la condition de la femme en Afghanistan et à la plume. Pour ma part, ce fut une lecture pleine d'émotions.^^ Ravie que tu aies découvert cette auteure !

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    1. Je l'ai adorée cette auteure oui ! J'ai encore un livre d'elle La perle et la coquille je crois. Ce sera une belle lecture j'espère.

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Merci de votre passage sur mon blog !
À bientôt !