dimanche 26 décembre 2021

Americanah

Titre : Americanah
Titre original : -
Autrice : Chimamanda Ngozi Adichie
Traduction : Anne Damour
Édition : Folio
Parution : 2016
Nombre de pages : 685
Synopsis : "En descendant de l'avion à Lagos, j'ai eu l'impression d'avoir cessé d'être noire." Ifemelu quitte le Nigéria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu'on change de pays, et lorsque la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ? 



Points + : la plume, les messages, le personnage d'Ifemelu
Points - : la fin peut-être trop rapidement expédiée proportionnellement au reste


Avis :
    Un livre que j'ai acheté autour de 2019 (durant ma période "je vais lire beaucoup de livres féministes") et que je n'ai sorti de ma PAL que cet été. Très franchement, la taille du livre m'a souvent rebuté. En plus de ça, j'avais lu beaucoup de remarques sur ce livre disant qu'il y avait trop de longueurs. Des longueurs sur un livre de plus de 600 pages, ça motive pas ! Et pourtant...

    Ifemelu est née au Nigeria. Elle est étudiante à l'université et sort avec Obinze, un jeune homme classe, cultivé et qui rêve de grandeur. Le rêve des étudiants de Lagos ? Aller à l'université à l'étranger (à Londres ou en Amérique), faire fortune, et revenir au pays les bras chargé d'or. Dans ce récit, Ifemelu nous raconte son parcours à l'université au Nigeria, son histoire d'amour avec Obinze, puis son départ pour les États-Unis. Là-bas, elle découvre ce qu'est "la race", associé au racisme et aux discrimination, le fétichisme et l'idéalisation d'un continent de la part des Blancs et Noirs Américains

    Le récit est très long, mais contrairement à d'autres lecteurs, je n'ai pas connu de longueurs. J'ai lu que certains s'attendaient à une romance, ou un récit tournée principalement autour de la relation entre Obinze et Ifemelu, ce qui peut expliquer ces déceptions. Je connaissais l'autrice suite à ces discours féministes ou sur la race et je m'attendais à énormément de réflexions sur ces sujets dans ce livre. Le livre aborde quantité de sujets qui posent question, aussi bien sur le continent africain que sur le continent américain. Ifemelu pose son regard cynique sur les populations et en développe ses propres réflexions. J'ai trouvé ça très intéressant et ça ne m'a pas paru si long.

    Le livre ne conviendra pas à tout le monde parce qu'il oscille entre les instants de vie d'Ifemelu ou d'Obinze et des réflexions que peut porter Ifemelu sur le peuple américain ou de Lagos. On a des passages racontant la jeunesse d'Ifemelu ou Obinze, leur parcours jusqu'à leur arrivée en Europe ou en Amérique. Mais on a aussi des passages de la vie actuelle de nos deux protagonistes. Je ne me suis pas perdue mais je sais que certain.e.s d'entre vous peuvent être refroidis par ce genre de récit avec des ellipses, des retours dans le passé... 

    J'ai trouvé justement que les passages dans le passé venaient justifier de ce qui se passait dans le présent. Par exemple, le personnage d'Ifemelu tient un blog sur la race et nous avons souvent des extraits de ce blog, qui viennent illustrer la scène. C'est un style de récit particulier qui commence au présent puis fait un long saut vers le passé (l'enfance, l'adolescence, la jeunesse de Ifemelu et Obinze) pour ensuite passer au moment où Ifemelu part en Amérique, puis le présent, puis le passé, puis le présent... et le retour d'Ifemelu à Lagos. Ces billets de blog m'ont parus à la fois assassins et tellement cyniques et moqueurs vis-à-vis des Blancs : ce n'est pas une critique, on peut justement se rendre compte d'à quel point ils sont - et nous sommes - ridicules dans le chemin vers la fausse tolérance. 

    J'ai adoré suivre la vie des deux personnages principaux. Ifemelu est une femme ambitieuse, déterminée, intelligente, observatrice et franche. A son arrivée en Amérique, elle veut le rêve américain quitte à y laisser les plumes. Ses valeurs ne la quittent pas et elles restent le fil rouge du livre. Elle est semble-t-il inspirée de l'autrice. Obinze est un garçon poli, discret et rêveur : bien plus naïf qu'Ifemelu, il est peut-être celui qui tombe de plus haut. Vous vous ferez votre propre opinion.
Leur relation est passionnelle et faite de chassés-croisés et d'occasions manquées. Si cette chronique vous convainc de lire ce livre, ne le lisez pas pour leur histoire d'amour : vous serez déçu parce qu'elle n'occupe qu'un tiers du livre, et encore (on parle d'un livre de + de 600 pages).

    En conclusion, c'est un sacré pavé sans longueurs qui vous remettra en question en tant que Blanc ou en tant que non-Noir. Je voudrais classer ce livre comme étant d'utilité publique : les histoires détaillées d'Obinze et d'Ifemelu sont celles de tant d'autres que l'on ignore. En ouvrant ce livre, vous voyagerez, vous serez émus, amusés mais j'espère surtout que vous aurez appris. 

Pour aller plus loin :
"Nous devrions tous être féministes"


Page 428 :
"Si vous dîtes que la race n'a jamais été un problème, c'est uniquement parce que vous souhaitez qu'il n'y ait pas de problème. Moi-même je ne me sentais pas noire, je suis devenue noire qu'en arrivant en Amérique. Quand vous êtes noire en Amérique et que vous tombez amoureuse d'un Blanc, la race ne compte pas tant que vous êtes seuls car il s'agit seulement de vous et de celui que vous aimez. Mais dès l'instant où vous mettez le pied dehors, la race compte. Seulement, nous n'en parlons pas. Nous ne mentionnons même pas devant nos partenaires blancs les petites choses qui nous choquent et ce que nous voudrions qu'ils comprennent mieux, parce que nous craignons qu'ils jugent notre réaction exagérée ou nous trouvent trop sensibles."

 

 Ce livre a été lu dans le cadre du Défi Lecture 2021
6/100

 

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Rambalh
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Prochaine chronique :
Broadway Limited, tome 1 : Un dîner avec Cary Grant de Malika Ferdjoukh

4 commentaires:

  1. J'ai ce livre dans ma PAL depuis quelques temps déjà et ce que tu en dis me tente. Il faut que je le lise à l'occasion :)

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    1. Surtout il ne faut pas se forcer à le lire... il est déjà assez gros, il faudrait déjà trouver le courage c'est pas facile haha

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  2. J'aimerais beaucoup lire ce roman ! Comme toi, j'avais un peu peur des longueurs, mais ton avis m'a rassurée :D

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    1. Si on ne le prend pas comme une romance mais comme une fiction sociologique... pas de longueurs non.

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Merci de votre passage sur mon blog !
À bientôt !