mardi 4 août 2020

Même les monstres

Titre : Même les monstres
Auteur : Thierry Illouz
Édition : L'iconoclaste
Parution : 2018
Nombre de pages : 106
Synopsis : "Je voudrais que l'on dise ce que vivent les gens, que l'on raconte les quartiers, les immeubles, l'argent qui manque, l'absence de reconnaissance. Je voudrais oser les mots ghetto, stigmatisation, relégation. Je voudrais appeler à la clémence, au doute. Je voudrais que l'on se soucie des abandonnés.
Il est avocat pénaliste depuis trente ans. Enfant des cités, sa vocation est née de son histoire. Et parce que la misère côtoyée par le passé est celle qui fabrique les monstres défendus aujourd'hui, Thierry Illouz lance un appel. Pour qu'enfin, on regarde l'autre, dans le box des accusés. Celui qui nous effraie, celui que l'on condamne. Et qu'il est urgent de comprendre.


Points + : instructif
Points - : un peu trop court

Avis :
    J'ai découvert ce livre avec la chronique de My Pretty Books et je vous avoue que le sujet me plaisait. Pourquoi les avocats décident-ils de défendre ceux que nous nommons "les montres" ? Ce livre est un essai qui répond à certaines de nos questions mais qui en soulève aussi d'autres, qui nous questionne sur nos représentations. Je tiens par avance à m'excuser pour mon expression face à ce sujet, il risque d'y avoir de la vulgarisation.


    Thierry Illouz est avocat pénaliste : il s'exprime dans ce livre pour expliquer son métier, souvent incompris. Il y explique aussi la façon qu'il a de percevoir et d'exercer son métier. Pour rappel, en France, les avocats pénalistes défendent les affaires de crimes ou de délits, côté victimes ou oppresseurs. L'auteur explique alors pourquoi il défend les oppresseurs, ceux que nous nommons les monstres, ceux qui ont tué, violé, les pédocriminels etc... Il se défend lui-même face aux personnes qui pensent que ces personnes ne doivent pas être défendues. 

    A travers ce livre, Thierry Illouz révèle le côté humain de ces personnes, la façon dont ils regrettent - parfois ! - comment il essaie de les comprendre via leur parcours de vie, leur personnalité. Alors attention, il ne cherche pas à vous faire avoir de la pitié pour eux, ni à les excuser. Il se justifie de défendre avant tout la personne et non le crime commis, ce qui est complètement différent. 
     Pendant les premières pages, l'auteur parle de sa vie, de son exclusion à cause de sa classe sociale. Il explique tout le cheminement fait pour en arriver à vouloir faire ce métier : vouloir défendre les exclus, leur laisser la parole. Pour beaucoup d'entre nous, il est impossible que l'on veuille défendre un de ces monstres : ils les pendraient, les condamneraient directement mais l'auteur explique aussi la notion de justice, le remord, les regrets, l'absence de regrets, parfois. 


    D'un point de vue personnel, je me suis assez identifié à ce que l'auteur disait pour justifier sa profession. Je ne suis pas avocate, mais dans le travail social, nous tombons aussi sur des personnes qui ne comprennent pas que nous voulions aider les personnes dans le besoin. Les gens parlent de mérite, de profiteurs, d'assistanat, mais le métier de travailleur social ne regarde pas ces choses-là. Les gens ont des droits sociaux, alors ils demandent les droits sociaux, et nous les accompagnons dans leurs demandes de droits sociaux. Le but du métier est d'aider les personnes qui n'ont pas eu la chance des autres, des personnes qui se retrouvent en difficulté à un moment donné et qui ont besoin d'un coup de pouce. Cela ne définit pas ce qu'ils sont en général. 


    En conclusion, un essai intéressant mais trop court, qui aurait peut-être nécessité un peu plus de développement. Cependant, il tend à modifier nos représentations et nous invite à nous questionner sur la notion de justice et ce qu'est réellement un monstre. Je vous invite à le lire, et si la question vous intéresse, n'hésitez pas à cliquez sur les liens ci-dessous, c'est très instructif également.


Pour aller plus loin :


Page 99 :
"On me demande souvent s'il y a des crimes que je n'aurais pas accepté de défendre. C'est formulé de cette manière : des crimes que je n'aurais pas accepté de défendre. Je n'ai jamais défendu un crime, des criminels peut-être, mais pas des crimes. Cela étant, je réponds que je n'aurais sans doute pas accepté la défense de Barbie."

Ce livre a été lu dans le cadre du Défi Lecture 2020
11/100

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Prochaine chronique :
Maybe Someday de Coleen Hoover

2 commentaires:

  1. Un livre qui doit être intéressant à lire pour comprendre pourquoi certains avocats veulent défendre des personnes ayant commis un crime terrible.
    Merci pour ta chronique même si je ne pense pas le lire un jour...

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    Réponses
    1. Et bien de rien. On sait jamais si tu as l'occasion de le recommander à quelqu'un :)

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À bientôt !