lundi 11 février 2019

Une histoire des abeilles

Titre : Une histoire des abeilles
Titre original : Bienes Historie
Auteur : Maja Lunde
Traduction : Loup-Maëlle Besançon
Édition : Les Presses de la Cité
Parution : 2017
Nombre de pages : 396
Synopsis : Angleterre, 1851. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Cependant, la découverte de l'apiculture réveille son orgueil déchu : pour impressionner son fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.
Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d'une exploitation menacée par l’inquiétante disparition des abeilles ?
Chine, 2098. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d'un avenir meilleur. Mais, lorsque ce dernier est victime d'un accident, Tao se doit de replonger dans les origines du plus grand désastre de l'humanité.



Avis :
    Suite à l'avis de Léa Touch Book, j'avais très envie de lire ce livre. Déjà pour la conscience écologique qu'il peut apporter et aussi pour l'intrigue, découpée en 3 histoires durant 3 époques différentes. 

    On plonge dans trois époques distinctes : le 19ème siècle, le début des années 2000 et la fin de notre 21ème siècle. Les trois histoires partagent un élément : la façon de traiter les abeilles à travers les époques. Avec William, c'est le début de la domestication des abeilles, avec George, les prémices de l'élevage intensif et de leur disparition et enfin avec Tao, les conséquences de la disparition totale des insectes sur la surface du globe.

    On prend plus ou moins de temps à rentrer dans les différentes histoires. Personnellement, j'ai mis du temps à comprendre l'intérêt de se consacrer à l'histoire de William, si ce n'est pour se pencher sur la modernisation des ruches et de l'apprivoisement de leurs occupantes.
    George vit de plein fouet la conséquence de l'usage intensif des pesticides sur les plantations : les pesticides font mourir les abeilles ou les poussent à fuir leur environnement. Il désespère de devoir vendre son exploitation, surtout quand il apprend que son fils est tout à fait désintéressé par sa profession. J'ai trouvé ce personnage un peu lourd mais finalement très touchant.
    J'ai par contre été plus happée par l'histoire de Tao, qui est la plus dystopique des trois. Elle vit à la limite de l'esclavage. Suite à la disparition des abeilles, elle doit polliniser chaque jour des milliers de fleurs, en compagnie de centaines d'autres personnes. Et ce, pour une misère. En plus de l'aspect dystopique de ce troisième récit, on reste happé par l'enquête que Tao va mener pour découvrir ce qu'il est arrivé à son fils. En essayant de le retrouver dans un hôpital d'une ville lointaine, elle constate que personne ne veut lui donner des réponses. On suit sa petite enquête et le final m'a vraiment surpris. C'est aussi dans son histoire que j'ai ressenti un lien filial plus fort que chez les autres personnages. 

    Les trois récits ont pour point commun les abeilles, mais aussi, dans chaque histoire, le personnage principal se bat pour obtenir la santé ou la reconnaissance de sa progéniture. George et William tentent de reconstruire ce lien filial pourtant si fort auparavant. Ils ont des fils qui ne correspondent pas à ce qu'ils souhaitent. William tente de raccrocher avec son fils en perdition et qui ne l'estime même plus, et George est désemparé devant le désintérêt total de son fils pour l'entreprise familiale. L'obstination de ces deux personnages devient un peu lourde au bout d'un moment, et à la limite de l'égoïsme...
    Vous l'aurez compris, j'ai eu plus d'attachement vis-à-vis du personnage de Tao qui possède un instinct maternel plus fort - semble-t-il - et qui a envie que le monde change à tout prix. Et qui fait en sorte que... J'ai aussi apprécié le fils de George qui semble déchiré entre l'envie de ne pas décevoir son père et réaliser son rêve. 

    Pour conclure, je ne peux pas dire que ce soit la lecture la plus optimiste lue en 2018 mais elle permet de prendre conscience de ce qui se joue. Il est essentiel que l'on puisse se rendre compte de ce qu'apportera la disparition de nos amies les abeilles. Les trois récits sont distincts et à la fois entremêlés de façon subtile et intelligente de telle sorte qu'au final, cela reste une grande claque. Les récits ne resteront pas forcément dans ma mémoire très longtemps mais il semble que j'ai compris le message...



Page 309 :
"En chemin, je passais devant l'ancien zoo, dévasté par l'exode, les intempéries. La végétation menaçait d'éventrer la clôture. Qu'était-il advenu de tous les animaux ? Les espèces en voie d'extinction ? Le dernier koala ? Peut-être s'était-ils réfugiés dans les maisons abandonnées et se promenaient-ils en liberté dans les rues. J'aimais l'idée qu'ils puissent continuer à mener leur vie sur terre alors même qu'il restait aussi peu d'humains." 

Vous pourriez aimer : 
Naturalis de Franck Labat
Il est de retour de Timur Vermes
Le combat ordinaire, intégrale de Manu Larcenet

D'autres blogueurs en parlent :

4 commentaires:

  1. Le thème du livre avec les abeilles m'intéresse beaucoup. Je suis très sensible à la disparition de la faune sauvage et les abeilles sont essentielles pour l'équilibre de l'écosystème alors cette lecture pourrait m'intéresser :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si tu y es déjà sensible, alors le thème du livre devrait te plaire oui.
      En tout cas, j'ai trouvé que c'était le parfait équilibre entre narration et documentaire. On y pioche des petites infos par-ci par-là et en même temps tout se lie entre les histoires. Ce qui nous y sensibilise encore plus :)

      Supprimer
  2. Le sujet principal est vraiment important mais, en même temps, tu cites quelques points négatifs qui me rebutent aussi. Je ne sais donc pas trop si je vais me pencher sur ce roman ou non.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quels sont les points négatifs qui te rebutent ? Le manque d'optimisme ? Mon non-attachement à George ? L'intérêt restreint que j'ai trouvé à l'histoire de William ?
      Si c'est le pessimisme de la lecture, effectivement, je ne te conseille pas de le lire. Ça finirai de te décourager... :/

      Supprimer

Merci de votre passage sur mon blog !
À bientôt !