mardi 4 juin 2019

Brooklyn

Titre : Brooklyn
Titre original : Brooklyn
Auteur : Colm Toibin
Traduction : Anna Gibson
Édition : 10/18
Parution : 2012
Nombre de pages : 332
Synopsis : Années 1950. New-York, terre d'exil et nouvelle Terre promise, s'étend à l'horizon. Alors qu'elle quitte l'Irlande pour travailler à Brooklyn, la jeune Eilis se perd dans cette ville anonyme. Mais bientôt, une drame la rappelle dans son pays natal. Déchirée entre deux mondes, entre l'enfance et l'avenir, quels choix fera-t-elle pour tracer sa voie ?







Avis :
     Dans ma wish-list depuis longtemps, puis trouvé d'occasion à Gibert Joseph, c'est un livre que j'avais très envie de lire, et ce sans avoir lu trop de chroniques sur le sujet. Le contexte d'après-guerre me tentait et je pensais percevoir la détermination d'Eilis à chaque page... Voyons ce qu'il en est vraiment.


    Eilis est une jeune femme avec une expérience dans la comptabilité qui espère couler des jours paisibles dans son Irlande natale. Le travail manque cependant, et elle est toujours dépendante de sa mère. Un jour, le père Flood la convainc de partir travailler aux États-Unis et de vivre le rêve américain. Elle laisse mère et sœur et embarque sur le bateau qui la mènera outre-Atlantique. Là-bas, elle peut travailler et se divertir plus facilement qu'en Irlande, trouve l'amour... c'était sans compter un décès soudain qui la rappelle sur sa terre natale, elle devra ainsi faire le choix de rester ou partir. 


    Premier point positif du roman : on est plongé dans le contexte migratoire d'après-guerre. Les allers et venues des immigrés américains entre leur terre d'accueil et leur terre natale, leur intégration, le mal du pays, souvent le racisme - à l'égard des Italiens, Juifs, Irlandais, la communauté noire... - et leur rêve commun : réussir en Amérique. J'ai bien aimé découvrir l'intégration d'Eilis, progressive, et qui renseigne sur la facilité à s'intégrer à une époque où la main d’œuvre était beaucoup demandée. Eilis voit plein de choses, se fait à la vie américaine, bouscule ses valeurs et ses habitudes de vie. Le contraste est d'autant plus marqué lorsqu'elle revient en Irlande se confronter à des gens qui ne connaissent pas le mode de vie Américain. 
    Le point négatif qui accompagne l'intrigue, c'est le style narratif, qui enchaîne les évènements avec logique mais d'une telle manière qu'on croirait des petits cinématiques de 5 minutes, pour enchaîner ensuite avec une autre. C'est un peu brusque, j'aurai aimé que parfois, la narration s'attarde davantage sur des évènements importants. 

    Le gros gros défaut de ce livre, et j'en suis la première désolée, c'est sa fin. Je ne conteste pas le choix d'Eilis, parce que finalement, l'auteur fait bien ce qu'il veut de ses personnages, mais comment vous dire... je vais vous la résumer en quelques lignes. En gros, Eilis est en Irlande, le choix s'impose brusquement à elle : partir ou rester. Oh mon Dieu, elle hésite 1 jour, 2, puis 3 puis finalement, elle en parle à quelqu'un de confiance qui ne semble même pas choqué de tout ce qu'Eilis lui révèle (alors que bon bref c'est quand même important...) et Eilis décide d'écouter cette personne et règle le problème en 2 pages et demi. On n'a pas le droit de connaître les conséquences de ce choix, ni les réactions des personnages quand ils l'apprennent. Pour un élément qu'on cite dans le synopsis, j'aurai pensé que ça prendrait au moins une bonne cinquantaine de pages.


    En réalité, faire des choix à la va-vite et être influencé par le premier venu, c'est un bon résumé de la personnalité d'Eilis. Elle se laisse aller au gré des envies de chacun. La propriétaire de la maison où elle vit lui demande de changer de chambre, oui, d'accord, je me poserai des questions plus tard. Le garçon avec qui je sors me demande quelque chose d'important, je vais être d'accord pour me débarrasser et évaluerai les conséquences plus tard. Certains soulignent un récit assez lent, mais je pense qu'Eilis n'y est pas pour rien, elle se laisse tellement porter que finalement, il n'y a aucune intensité dans son histoire
    Heureusement, on a Tony et Jim. Tony est un fils d'immigrés italiens qui tombe sous le charme d'Eilis lors d'un bal Irlandais organisé à Brooklyn. Il est jovial et généreux même si dans certains cas je l'ai trouvé égoïste. Jim est irlandais, fils de riches propriétaires : c'est un personnage surprenant à la personnalité compliquée. J'aurai aimé le voir davantage, si seulement le gros de l'intrigue ne se concentrait pas sur les 60 dernières pages. 


    En conclusion, Brooklyn est un récit intéressant et historiquement juste. Si vous êtes intéressé.e.s par cette période de l'histoire je vous le conseille fortement. C'est vraiment dommage que les péripéties s'enchaînent rapidement sans profondeur et que le personnage d'Eilis soit si plat... j'aurai vraiment aimé ce livre, sinon.



"Il n'arrivait jamais qu'une femme de couleur entre seule dans le magasin. La plupart d'entre elles ne croisaient pas le regard d'Eilis et ne lui adressaient pas directement la parole.
Quand, exceptionnellement, elles s'adressaient à elle, c'étaient avec un ton de politesse si excessive qu'Eilis perdait contenance et devenait maladroite."


Lu dans le cadre du Défi Lecture 2019
7/100


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